Choiseul Magazine – Bpifrance : le point d’entrée  unique pour les entrepreneurs ! Entretien avec Isabelle Bébéar
30 janvier 2020

Choiseul Magazine – Bpifrance : le point d’entrée unique pour les entrepreneurs ! Entretien avec Isabelle Bébéar

Suite à la première édition du Choiseul Africa Business Forum dont Bpifrance était partenaire, Choiseul Magazine s’est entretenu avec Isabelle Bébéar afin de connaître un peu mieux les actions de la banque de financement française en Afrique.

Isabelle Bébéar a rejoint Bpifrance en 2001. Elle est Directrice des affaires internationales et européennes de Bpifrance. Précédemment, elle a occupé les fonctions de Directrice du business développement et de l’accompagnement des PME, Directrice des investissements dans les fonds régionaux et dans les fonds du sud de la Méditerranée. Isabelle a aussi travaillé dans l’industrie pharmaceutique en tant que Responsable des ressources humaines à l’international.
Isabelle est diplômée de l’Institut Supérieur de Gestion, elle est Chevalier de l’Ordre National du Mérite depuis 2014 et elle est membre du Comité Stratégique de l’Institut Choiseul.

Institut Choiseul : L’Afrique a toujours été au cœur de la stratégie internationale de Bpifrance. Pouvez-vous nous détailler les actions de Bpifrance sur le continent africain ?

Isabelle Bébéar : Depuis sa création en 2012, Bpifrance fait montre d’une volonté forte d’être présent sur le continent africain qui représente un immense marché d’opportunités et d’échanges entre nos entreprises françaises et les entreprises africaines à fort potentiel.
À ce titre, Bpifrance soutient les entreprises françaises souhaitant se développer sur le continent africain avec une large palette de solutions telles que des outils de financement à l’export ; de l’assurance à la prospection ou de l’assurance-crédit pour les projets internationaux et l’accompagnement de sociétés françaises en hyper croissance souhaitant accentuer leur développement à l’international.
Par ailleurs, Bpifrance est présente directement sur le terrain grâce à son équipe dite « Expertise à l’internationale ». Son rôle : écouter et accompagner des pays étrangers afin de les aider à créer ou développer leurs propres outils de financement de leur économie : soit pour développer un écosystème innovant, soit pour développer un écosystème entrepreneurial créateur d’emplois, en favorisant l’accès au crédit bancaire pour les PME / TPE.
Tous ces entrepreneurs grandissent et recherchent des fonds pour le développement de leurs activités. EuroQuity, plateforme numérique développée par Bpifrance, met en relation les porteurs de projets et les investisseurs. Avec plus de 20 000 utilisateurs en France, en Europe et en Afrique, l’équipe EuroQuity est le partenaire des entreprises en croissance.
Enfin, Bpifrance réalise des prises de participation dans des fonds de capital investissements dédiés au continent africain, lesquels investissent dans des start-up, des PME et des ETI africaines à fort potentiel de croissance.

Le taux de bancarisation en Afrique a triplé en seulement 10 ans grâce à l’émergence d’applications mobiles.

IC : Bpifrance était partenaire du Choiseul Africa Business Forum qui s’est tenu en octobre à Nice et partage la même vision que l’Institut Choiseul : accompagner l’essor économique de l’Afrique. En quoi consiste l’action de Bpifrance pour l’accompagnement et le conseil des PME qui sont un véritable moteur de croissance pour le continent ?

IB : Depuis 2003, Bpifrance a investi environ 200 millions d’euros dans 25 fonds de capital investissement africains, principalement au travers de son dispositif d’investissement dénommé Averroès, en partenariat avec Proparco. Par le biais de ces fonds de capital investissement, Bpifrance a soutenu à ce jour près de 150 entreprises africaines, principalement des PME, mais aussi plus récemment des start-up, tant en Afrique du nord qu’en Afrique subsaharienne, dans un grand nombre de secteurs essentiels à la croissance du continent.
Les fonds de capital investissement sélectionnés par Bpifrance se distinguent par l’excellente connaissance terrain de leurs équipes d’investissement. Ces dernières ont permis de hisser de nombreuses entreprises africaines au rang de leader national, voir régional, grâce à leur accompagnement au quotidien de ces entreprises, tant au niveau opérationnel que dans la mise en place d’une bonne gouvernance. À titre d’illustration, à la suite de nos prises de participation dans ces fonds de capital investissement, les sociétés africaines soutenues par ces fonds ont vu augmenter leur chiffre d’affaire de 37 % en moyenne.
Pour rappel, notre activité historique de soutien au marché du capital investissement africain s’inscrit dans la droite ligne du discours du Président Macron à Ouagadougou en novembre 2017, qui avait notamment annoncé la création d’un fonds d’1 milliard d’euros pour les PME africaines. C’est dans ce cadre que Bpifrance lance un nouveau véhicule d’investissement d’une taille cible de 100 millions d’euros, ouvert à des souscripteurs tiers, qui à terme soutiendra environ 150 PME, ETI et start-up africaines sur l’intégralité du continent.

IC : Vous avez accompagné de nombreuses entreprises à se développer en Afrique, quelles sont selon vous les défis et enjeux économiques pour le continent africain ?

IB : La démographie est l’un des défis majeurs pour le continent dont la population devrait doubler d’ici 2050. En effet, cette population jeune représente chaque année 30 millions de nouveaux entrants sur le marché du travail. Comment y répondre ? En intervenant à la racine afin de créer des emplois pérennes, en facilitant l’accès des TPE / PME au crédit bancaire notamment avec l’action de l’Expertise à l’International de Bpifrance. Il faut également faciliter l’accompagnement des entrepreneurs pour rendre les dossiers plus « bancable ». C’est la raison pour laquelle nous mettons à disposition, auprès de certaines entités africaines, le e-learning Bpifrance afin que chaque entrepreneur puisse s’autoformer sur la thématique de son choix, à son rythme. Le financement de l’innovation nous apparaît également comme un défi d’envergure. En effet, des solutions technologiques innovantes développées par des start-up locales peuvent permettre d’apporter des réponses concrètes à certaines inégalités sur le continent, telles que la faible inclusion financière de la plupart des populations africaines. À ce titre, le taux de bancarisation en Afrique a triplé en seulement 10 ans grâce à l’émergence d’applications mobiles.
Enfin, il est évident que le développement des infrastructures permettant le renforcement du tissu économique local et régional reste un défi majeur du continent, tout comme la coopération régionale et inter-régionale qui doit tendre vers un modèle plus inclusif et ainsi réduire les barrières à l’entrée des entreprises.

Isabelle Bébéar, ici aux côtés de Jean-Paul Mélaga, est intervenue au
Choiseul Africa Business Forum lors de la présentation de l’Écobaromètre Choiseul Africa.

IC : Avec Bpifrance, vous intervenez sur plusieurs zones géographiques, quelles sont selon vous les avantages comparatifs du continent africain et en quoi l’Afrique représente un levier de croissance pour les entreprises françaises ?

IB : Les liens culturels et linguistiques historiques entre la France et l’Afrique francophone notamment font que cette région se distingue des autres zones économiques. Malgré sa fragmentation, le marché reste d’une taille attractive pour les entreprises françaises. Au vu des défis que nous venons de citer, nous croyons beaucoup au transfert des connaissances et aux partenariats entre nos entreprises françaises et leurs homologues africaines. Outre les liens clients fournisseurs qui sont majoritaires, d’autres liens ont pu être recensés tels que des prestations d’assistance technique ou des partenariats financiers (financements bancaires octroyés par des banques françaises ou co-investissements avec des entreprises françaises). Ces relations d’affaires entre entreprises françaises et africaines couvrent de nombreux secteurs d’activité. Les secteurs les plus représentés sont notamment l’agribusiness, la construction et le BTP, l’industrie, la logistique/distribution, la santé, les services, ou encore les biens de consommation.
À titre d’exemple, nous pouvons citer la société alsacienne Mecatherm, à qui Bpifrance a accordé son premier crédit export en 2015 afin de financer l’exportation de deux lignes de fabrication de pain au Mozambique au profit d’une société locale qui s’avère être également soutenue par l’un de nos gestionnaires de fonds de capital investissement africains. L’objectif de cette nouvelle initiative est de sélectionner des projets dans les domaines de la nutrition et de la sécurité alimentaire en Afrique afin d’y investir en capital ou en dette pour contribuer aux objectifs de développement durable de l’ONU.

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Choiseul Magazine n°9