Paroles de Lauréats : Laura Le Goff
Vendée globe 2020 : le vent de l’audace
Aujourd’hui avec Laura Le Goff, Directrice générale du Vendée Globe. Nommée à ce poste en 2016, quelques mois seulement avant le départ de la précédente édition, elle prépare aujourd’hui la 9ème édition de la plus célèbre des courses à la voile en solitaire, dont le départ est prévu en novembre depuis Les Sables d’Olonne. Elle est lauréate du classement Choiseul Sport & Business.
Face à la crise, chaque jour, les lauréats et alumni Choiseul, mais aussi plusieurs de nos amis et partenaires, réagissent. Une série d’échanges avec plusieurs d’entre eux qui nous font part de leur vécu, nous exposent leurs stratégies de rebond mais aussi nous livrent leur vision du « jour d’après ».
Après une période très troublée pour nous tous, le départ de cette course le 8 novembre 2020 permettra de transmettre un message d’espoir
Les amateurs de voile l’attendent depuis 4 ans. La neuvième édition de « l’Everest des mers » partira-t-elle bien le 8 novembre ?
La 9ème édition du Vendée Globe partira bien le 8 novembre prochain des Sables d’Olonne, en Vendée. Malgré la crise sanitaire que nous traversons, l’évolution encourageante des indicateurs de l’activité épidémique ainsi que le format de cette course mythique : un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, nous permettent de regarder avec un peu plus d’optimisme le mois de novembre 2020.
D’ailleurs et depuis quelques semaines, les skippers ont pu remettre à l’eau leur voilier afin de se préparer au mieux en vue de cette course et je peux vous assurer qu’ils étaient tous très impatients de retourner naviguer ! Le Vendée Globe, pour les skippers qui y participent, c’est un rêve, un véritable aboutissement.
Au-delà de la course sportive, le Vendée Globe est aussi un grand événement populaire. Le village du Vendée Globe sera-t-il maintenu ? Quelles seront les nouveautés de cette édition ?
Bien plus qu’une course, le Vendée Globe est devenu au fil des éditions un événement très populaire. En 2016, et en seulement 3 semaines, nous avons accueilli 1,3 millions de personnes au sein d’un Village ouvert avant le départ. Ce dernier permet au grand public de venir communier avec les skippers et découvrir leurs bateaux incroyables qui participeront à la course : les IMOCA. Les sponsors de bateaux et partenaires de la course mettent en place bon nombre d’expositions et d’animations en lien avec l’histoire du Vendée Globe toujours très appréciées des visiteurs.
Indissolublement lié au Conseil départemental de la Vendée, le Vendée Globe est un bien public. L’accès au Village est gratuit, aucune exclusivité médiatique n’est possible, et les bénévoles sont au cœur de l’organisation.
Enfin, la sensibilisation des jeunes générations à la protection des océans et au respect de l’environnement, et la transmission des valeurs comme le dépassement de soi ou la solidarité sont la pierre angulaire du projet pédagogique du Vendée Globe. Le lien avec le public fait donc partie de l’ADN de la course.
Il était donc indispensable d’étudier l’ensemble des scénarios rendant possible la présence du public malgré un contexte sanitaire et économique dont personne ne connait l’évolution. Nous travaillons en ce sens depuis plus de deux moins maintenant en collaboration avec les autorités.
Pour cette 9ème édition l’une des nouveautés est le maintien du PC course aux Sables d’Olonne durant toute la durée de l’épreuve. A mon sens, cela contribuera à permettre à un maximum de public de vivre pleinement l’aventure du Vendée Globe.
Malgré les difficultés économiques qui s’annoncent, les sponsors confirment-ils leur soutien aux skippers ? Pour une marque, qu’est-ce qui rend une participation au Vendée Globe incomparable ?
En ce qui concerne le Vendée Globe 2020-2021, l’ensemble des sponsors ont exprimé leur soutien à leurs skippers. Si certains d’entre eux s’inquiètent d’une baisse de la fréquentation du public au moment des villages, il n’y a pas de remise en question de leurs engagements financiers pour la course. Il faut 4 années pour préparer un Vendée Globe, les budgets sont globalement arrêtés donc il n’y a pas de remise en question pour les contrats déjà conclus. Le fait que des skippers aient bouclé de nouveaux partenariats juste après le confinement, comme Ari Huusela ou encore Romain Attanasio, montre bien l’attractivité de la course tant pour ses valeurs que pour sa capacité à transporter le public au travers d’une aventure sportive unique.
En matière de course à la voile, le Vendée Globe est un peu ce que le Tour de France est au cyclisme ou encore Roland Garros au tennis, c’est un événement mythique et les sponsors veulent y participer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2016, avec ses 1274 heures de TV dans le monde dans 190 pays et ses 198 millions d’euros de valorisation média brute en France, le Vendée Globe bénéficie d’une aura médiatique sans précédent.
Au-delà de ces chiffres, les sponsors souhaitent s’associer aux valeurs fortes du Vendée Globe : le dépassement de soi, l’audace, l’humilité ou encore le respect de l’environnement.
Après une période très troublée pour nous tous, je crois que le départ de cette course le 8 novembre 2020 permettra de transmettre un message fort d’espoir et qu’il faut toujours aller de l’avant.
Plus globalement, comment l’économie de la mer (au moins pour sa partie sportive) a-t-elle été affectée par la crise, quelles en sont aujourd’hui les voies de sortie et comment voyez-vous l’avenir de ce secteur ?
L’économie de la voile repose principalement sur le sponsoring. Si l’impact de la crise sanitaire ne se fait pas immédiatement ressentir sur les projets sportifs déjà lancés comme sur le Vendée Globe 2020-2021, il est fort probable que ce soit un peu différent pour ceux qui sont à venir.
En effet, nul ne peut mesurer avec certitude quelle sera l’attitude à venir des entreprises en la matière.
A mon sens, plusieurs pistes de réflexion doivent être menées comme par exemple la rationalisation des coûts des bateaux, l’organisation d’événements de qualité pour offrir une belle visibilité aux sponsors, ou encore continuer à donner du sens dans les projets sportifs des skippers.
Ce qui est certain c’est que la course au large a de nombreux atouts. Elle a donc le potentiel pour s’adapter et innover.